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À paraître en septembre 2010 :
KITEJ n° 1 Éclipses de la
vie (406 p., illustré couleur)
Se peut-il qu’advienne dans l’histoire des hommes un
« événement » ou plutôt un traumatisme capable de
fracasser leur « infracassable noyau de nuit », provoquant
ainsi des éclipses (partielles ou totales) de la vie ? Cette vie invisible,
collée, compactée à elle-même pour former bloc ou
citadelle imprenable, qui palpite, s’éprouve, se donne à Soi
dès la naissance, peut-elle être percée à jour, violée, objectivée
et fissurée au point d’en perdre son essence ? Est-elle
donc encore la vie celle qui ne vit pas, celle pour qui « le
temps vole » comme au-dessus d’une chose étrangère,
d’une abstraction voire d’un fantôme ? Pour reprendre les
termes de Michel Henry, l’immanence radicale de la vie,
son intériorité qui ne peut être entièrement niée que par la
mort tolèrerait-elle un relâchement capable de la séparer,
de la diviser au point qu’elle ne puisse plus ni se sentir, ni
se souffrir, ni se révéler dans et pour l’individu vivant ?
Sommaire:
À l’ombre de la vie
Roger DADOUN
Kitej - quitté-je - Mortibus ?
Christelle WABLE
Mutilés de vie (sculptures)
Françoise SCHWAB
Vladimir Jankélévitch :
philosophe de la vie
Isabelle de MONTMOLLIN
Un philosophe modernissime :
Vladimir Jankélévitch
Françoise SCHWAB
Bergson, Jankélévitch :
élans vitaux
Cédric DEMANGEOT
Émeute, ébauche (poème illustré)
Vincent CHANSON
Dialectique de la vie mutilée
Olivier GRAS
Sexualité et philosophie de la vie
Jean-Pierre FALIÈS
Amour, compassion et évidement de la vie
Nicolas ZURSTRASSEN
Culture et biopolitique de l’envoûtement
David CHRISTOFFEL
Les champions du rendement vital
Billy DRANTY
Écrasé sous quoi (poème illustré)
Jean-Luc DEBRY
L’exil intérieur
Claude JAVEAU
Le vide ou la vie
Roger DADOUN
Où n’être se célèbre (poème illustré)
Philippe RIVIALE
Ici est ce qu’être créé
Fabien OLLIER
La vie en plein coeur
Sabrina VESSEREAU
Intérieurs vie (pastels)
Fabien OLLIER
Aux oubliettes
Michel BRIX
La symbolique de la peau de chagrin
Patrick CRÉDEVILLE
Nappés, drappés (peintures)
Philippe RIVIALE
Utopie : le souhait et la foi
KITEJ
MANIFESTE
« Pour lire la Kitège ésotérique qui est cachée sous les apparences de la Kitège exotérique, il faut une inversion ou conversion spirituelle : car
c’est avec les yeux de l’âme que l’on découvre au-delà de l’évidence obvie une Kitège intelligible, comme c’est avec l’oreille de l’âme que
l’on entend les cloches d’une Kitège silencieuse, d’une Kitège transmondaine aussi imperceptible pour l’ouïe triviale que l’harmonie des sphères
célestes.Tel est le sens de cette Ville invisible et inaudible, impondérable et impalpable que l’âme délivrée de la pesanteur atteint au terme
de son ascension ».Vladimir JANKÉLÉVITCH, La Rhapsodie.Verve et improvisation musicale, Paris, Flammarion, 1955, pp. 127-128.
Indexées sur l’argent et les valeurs marchandes et financières, prises dans les engrenages de la machinerie échangiste
du capital et assimilées de force aux principes de rendement, d’entreprise économique et de concurrence permanente,
la vie et ses productions ne sont-elles pas dans le même temps indexées sur la production de la mort, sur
l’anti-production ? Si de génération en génération les individus vivants continuent de produire, sans jamais satisfaire
leurs besoins, les critères économiques, la valeur dite objective des choses qui les aliènent, les logistiques compétitives
de création de plus-values et les agencements bureaucratiques des administrations qui gèrent leur existence et marchandent
leur propre mort, ne se condamnent-ils pas aussi à visiter des horizons d’ennuis morbides, de destructivité,
d’agressivité, d’atrophie, d’agonie et d’autonégation ? Comme dans les ontologies nihilistes des divers fascismes, le
néant n’est-il pas devenu pour tout le monde le but et la finalité lucrative de la vie, réduisant alors l’affectivité à l’angoisse,
l’action à la stérilité ou à l’assèchement, les rêves à leurs dimensions archaïques, la rencontre au calcul des parts
de marché, la volonté à la nolonté, la foi à la mauvaise foi, la vérité au mensonge ? Pour répondre à ces questions, il
s’agirait de traquer et critiquer, comprendre et dénoncer les représentants individuels et collectifs, les incarnations
idéologiques, imaginaires, symboliques, artistiques, culturelles, institutionnelles, administratives, etc., de cette pétrification
des advenirs de la vie qui a trouvé dans le système capitaliste transnational un terrain psychopathopolitique à la
hauteur de ses ambitions. Nos capitalismes intérieurs, qui sont autant de formes d’oubli de la vie, de ses dons et de ses
déterminations, transpercent nos chairs affectives et les inflamment lentement. Il s’agit de modes de production, spécifiques
et cachés, d’existences qui vivent de la mort car elles se soumettent aux phénomènes pandémiques d’abstraction
économique et de réduction totalitaire de l’imma-nence transcendantale de la vie. La revue Kitej, en voyage allerretour
de l’ici et maintenant vers l’ailleurs et l’intempestif, refuse un tel renversement de la téléologie de la vie et propose
de donner la part belle à la raison émouvante, critique et dialectique ainsi qu’à l’embrasement des libres possibilités
des vivants.Voir l’invisible, dire l’indicible, penser l’impensable contre l’Homme unidimensionnel du spectaculaire
intégré sont les vecteurs de cette aventure vers une présence/absence toujours mystérieuse : la vraie vie.
Les courants intellectuels qui sous-tendent ce regard et étayent ces intentions de recherche sont d’une part le
Freudo-marxisme (Wilhelm Reich, Otto Fenichel, Erich Fromm, etc.), d’autre part la Théorie critique de
l’École de Francfort (Max Horkheimer,Theodor W. Adorno, Herbert Marcuse, etc.). Des liens sont par ailleurs tissés
avec la phénoménologie critique et matérielle (Edmund Husserl, Jean-Paul Sartre, Michel Henry, etc.), l’ethnopsychanalyse
(Georges Devereux, Geza Roheim), la philosophie du mystère, de l’instant ou du presque-rien (Vladimir
Jankélévitch), la philosophie vitaliste du faire (Henri Bergson) et le mysticisme des chrétiens primitifs ou hétérodoxes
(les Pères de l’Église, Maître Eckhart, etc.). Comptons aussi parmi les influences plus contemporaines : l’anthropologie
du corps, de l’étrange et de l’ailleurs développée parallèlement à une critique radicale du sport par Jean-Marie
Brohm ; la psychanalyse politique et ses diverses applications à l’art, à la littérature, au cinéma, à la télévision, etc.,
développées par Roger Dadoun ; la critique de la civilisation marchande et de ses fondations impensées développée
par Philippe Riviale. Mais ces trajectoires aussi variées nous invitent surtout à une ouverture théorique complémentariste et
sont en fin de compte le souffle qui nous pousse à de nouvelles rencontres textuelles et sensibles, à de nouvelles combinaisons
d’écrits qui embraseraient le sens de la vie plutôt que de le laisser tomber. Il en est ainsi par exemple en ce
qui concerne la place de l’art dans la revue : la place de la peinture, de la sculpture, des collages et du dessin dans notre
ambition d’une textualité sensible et critique ; la place de la poésie et de la littérature comme « explosifs charnels »
des concepts mais aussi comme horizons de « petits sabotages » éclateurs de vérité, comme le souhaitait si ardemment
Theodor W. Adorno.
Directeur de Publication : Fabien Ollier
Revue publiée par l’association Mortibus :
5 place publique, 60420 Dompierre
Téléphone : 00 (33) (0)3 44 51 35 88
E-mail : fabien.ollier@wanadoo.fr
Site : http://mortibus.free-nux.org (en cours de modification)